Ordre des agronomes
Les lobbys n'y ont pas leur place
Les lobbys des pesticides n’ont pas leur place à l’Ordre des agronomes
Sutton, le 25 mars 2024 – Vigilance OGM et Victimes des pesticides du Québec sont indignés suite à la nomination de M. Pharand comme directeur général de l’Ordre des agronomes du Québec (1) , alors qu’il est enregistré comme lobbyiste pour le Réseau végétal Québec (RVQ). Le RVQ regroupe la majorité des producteurs de pesticides et d’OGM : Bayer (Monsanto), Corteva et Syngenta, ainsi que les vendeurs au Québec : Sollio Agriculture, William Houde et Synagri. Rappelons que la mission de l’Ordre des agronomes est « d’assurer la protection du public en contrôlant la qualité de l’exercice de la profession d’agronome. »
« Les valeurs de l’Ordre incluent l’intérêt public, l’intégrité et la transparence. Pourtant, cette décision constitue un véritable conflit d’intérêts, en faveur de l’industrie et de ses profits », déclare Thibault Rehn, coordonnateur de Vigilance OGM. « M. Pharand, en tant que lobbyiste des pesticides, n’a pas sa place à la tête de l’Ordre des agronomes et devrait immédiatement être remplacé ».
Moderniser la loi sur les agronomes
Lors des consultations publiques sur les pesticides en 2019, une des revendications phares de nombreux groupes était la séparation du conseil agronomique de la vente des pesticides. « C’est quoi la prochaine étape ? De déposer un projet de loi pour assainir la profession des agronomes ou que M. Lamontagne soit remplacé par un autre lobbyiste de l’industrie des pesticides? », se demande Pascal Priori, cofondateur de Victimes des pesticides du Québec. « Il est urgent que le gouvernement modernise la Loi sur les agronomes, presque 2 ans après le projet de loi 41 ». M. Pharand avait un mandat de lobbyiste, durant 2 ans, spécifiquement pour contrer ce projet de loi 41.(2)
Il est essentiel de prendre des mesures pour travailler à rendre notre système alimentaire au Québec véritablement durable, qui prend soin de la santé autant des travailleurs que des citoyens et de nos écosystèmes. La séparation serait un pas dans la bonne direction alors que les ventes de pesticides ont atteint un record en 2021 au Québec.(3)
Exclure les lobbys des CA et direction d’organisme
Cette situation est semblable à 2019 lorsque Louis Robert, le lanceur d'alerte congédié par le ministère de l'Agriculture du Québec, avait déjà dénoncé la présence des lobbyistes des pesticides sur le conseil d’administration (CA) du Centre de recherche sur les grains (CÉROM), une institution publique dont une partie des recherches vise à réduire l'utilisation des pesticides. « Quand les conseils d’administration et les directions sont composés de vendeurs de pesticides, pas étonnant que notre modèle agricole devienne dépendant de ces produits et que leurs ventes augmentent », déclare M. Rehn. « Si la volonté politique est réellement de les diminuer, il faut exclure l’ensemble des lobbys des CA et des directions d’organisme censés protéger le public ».
La veille, Vigilance OGM, Attac-Québec et mon OSBL n’est pas un lobby avaient organisé une conférence de presse pour démontrer l’appui de près de 200 organisations à la déclaration « Lobby : Halte aux dérapages ». Parmi les nombreuses recommandations pour encadrer davantage les lobbys, il y a l’exclusion : « du personnel et de conseils d’administration d’organismes gouvernementaux, les lobbyistes et les personnes travaillant pour une entreprise pouvant en tirer des avantages économiques. »
L’ensemble des groupes et les citoyen.nes à travers le Québec sont invités à signer cette déclaration afin de mieux encadrer les lobbys au Québec et garantir le droit d’association des OSBL.
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