Comme José Bové : résistons à l’accord de libre échange et aux OGM!

Accord de libre échange

Résistons aux OGM

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Comme de nombreux citoyen-ne-s et groupes de la société civile, Vigilance OGM est scandalisé que José Bové, député au Parlement Européen, ait été menacé d’expulsion par les autorités douanières canadiennes.

Montréal, 12 octobre 2016 - Comme de nombreux citoyen-ne-s et groupes de la société civile, Vigilance OGM est scandalisé que José Bové, député au Parlement Européen, ait été menacé d’expulsion par les autorités douanières canadiennes. Monsieur Bové est arrivé mardi 11 octobre  à l’aéroport de Montréal, mais n’a pas pu livrer son plaidoyer contre l’Accord de libre-échange Canada-Union européenne (AÉCG) à la conférence à laquelle il avait été invitée, organisée par le Conseil des Canadiens en collaboration avec plusieurs groupes, dont Vigilance OGM. 

Cette conférence avait comme objectif d’aborder les impacts néfastes de l’AÉCG, entre autres sur notre agriculture par l’augmentation de la mainmise des multinationales de biotechnologies et de pesticides comme Bayer-Monsanto, les difficultés importantes rencontrés par les agriculteur-rice-s, les menaces pour les emplois, les conséquences pour les consommateur-rice-s, sur l’environnement, etc.  Il est urgent de changer de paradigme en privilégiant une économie à l’échelle des citoyen-ne-s avant le profit!

Vigilance OGM redoute que cet accord de libre-échange n’augmente la concurrence déloyale entre petits producteurs et multinationales de l’agroalimentaire. Un jeu perdu d’avance pour ces premiers pour qui la situation est déjà difficile au Québec et au Canada. « C'est incroyable, ceux qui défendent l'accord peuvent circuler comme ils veulent – je pense que le patron de Monsanto pourrait très facilement venir ici pareil –, mais par contre, ceux qui s'y opposent sont traités de dangereux criminels, sont enfermés, on les empêche de circuler, on leur prend leur passeport », déplorait l'activiste français de 63 ans en entrevue à ICI RDI alors qu’il était confiné dans un hôtel et devait se faire expulsé. Heureusement, grâce à l’indignation et à la mobilisation de nombreuses personnes, les autorités canadiennes sont revenues sur leur décision et ont accordé à monsieur Bové l’autorisation de rester sept jours sur le territoire canadien.

 

Les semences paysannes risquent de disparaître

 

Quand on regarde de plus près l’AÉCG et particulièrement son chapitre 20 on a raison de s'inquiéter. En effet, « l'introduction de cette disposition permettra de poursuivre un agriculteur dès lors qu’il sera soupçonné de posséder de façon frauduleuse des semences d'une variété protégée par des droits de propriété intellectuelle. C'est une inversion de la charge de la preuve : le simple soupçon de contrefaçon pourra permettre la saisie de ses biens et le gel de ses comptes bancaires, tant qu'il ne sera pas démontré qu'il n'y a pas contrefaçon. En outre, l'acheteur des récoltes issues de ces semences  […] pourrait être accusé de recel de contrefaçon et encourir les mêmes risques de saisie […]­­. Dès lors qu'ils seront dans l’incapacité d'apporter la preuve demandée, les paysans, qui dénoncent depuis des années la prise de contrôle du secteur par l'industrie semencière et résistent en utilisant des semences de ferme ou des semences paysannes, ne trouveront pas d'acheteur pour leur récolte. »[1]

Rappelons que le Canada est le 5e producteur mondial d’OGM. Au Québec on cultive principalement le soya et le maïs transgénique, les cas de contamination ne sont donc pas rares. Ce que l’on appelle contamination génétique est vu par les compagnies comme une opportunité d’affaires.  Lorsque les semences sont disséminées dans l’environnement, les compagnies « propriétaires » de ces semences peuvent légalement poursuivre les agriculteurs les ayant obtenues « illégalement ».

Quelles seront les options pour un agriculteur vivant avec cette épée de Damoclès? Acheter les semences OGM de ces multinationales? Cela augmenterait encore plus les cultures OGM, entraînerait de nouvelles contaminations génétiques et mettrait l’agriculture québécoise dans un cercle vicieux. Quand on sait que de 2006 à 2012, les ventes de pesticides à base de glyphosate, qui accompagne généralement les cultures OGM, ont augmenté de 71 % au Québec, on craint aussi pour la qualité de notre environnement. Les multinationales semencières souhaitent cet accord pour leur propre profit, mais ce qui est encore plus inquiétant c’est que nos politiciens aussi. Alors que faire ?

 

Résistons!

 

En septembre dernier, la compagnie pharmaceutique Bayer rachetait le géant des semences OGM et des pesticides Monsanto. Cette nouvelle fusion gigantesque (86,9 milliard de $ CA) faisait suite à celles de Dow avec Dupont et Syngenta avec ChemChina. Au final, si ces fusions sont acceptées, ont pourrait avoir 3 compagnies qui posséderaient 65 % de la vente mondiale de pesticides et environ 61% de la vente des semences commerciales au monde. [2]

Certes, cela peut paraître de gros adversaires, mais il ne faut pas se décourager. En effet, ce ne serait pas le premier accord de libre-échange qui serait refusé suite à la mobilisation citoyenne. Rappelons-nous de l’accord multilatéral sur l’investissement (AMI) à la fin des années 90. On avait assisté à une mobilisation sans précédent pour le contrecarrer, particulièrement au Québec avec l’opération SalAMI.

 

Nous ne sommes pas seuls! La mobilisation européenne est bien engagée

 

En Allemagne ce sont plus de 320 000 personnes qui sont descendues dans les rues le 17 septembre dernier pour dénoncer les accords de libre-échange. On parle d’un Automne de mobilisation à travers toute l’Europe, par des actions des syndicats et  d’associations de la société civile. Cette mobilisation se fait aussi du côté des parlementaires européens, dont plusieurs s’opposent à cet accord,  comme le fait José Bové.

Au Québec, la question de l’opposition à l’AÉCG était peu discutée dans les médias avant l’arrivée de José Bové et de « l’aide » des douaniers canadiens à médiatiser sa venue, et ce malgré le travail d’information et mobilisation fait par le réseau Québécois sur l’intégration continentale (RQIC). Au moins, les mésaventures de Monsieur Bové auront eu un impact positif : permettre enfin que les enjeux de l’AÉCG soient discutés sur la place publique.

 

On commence dès demain !

 

Justin Trudeau et Philippe Couillard reçoivent ce jeudi 13 octobre leur homologue français, le premier ministre Manuel Valls, afin de promouvoir l’AÉCG et tenter de nous  convaincre de ses bienfaits. Le RQIC organise un comité d’accueil de 11h30 à 14h00 au centre Sheraton. Pour plus de détails, consultez l’événement.

Restez connectés! Ce n’est pas la dernière activité de mobilisation qui aura lieu au Québec. C’est ensemble et uni-e-s que nous bloquerons cet accord de libre échange et l’industrialisation de l’agriculture et de l’alimentation qu’il entraînera inévitablement!

 

[1]LES MENACES DU TRAITÉ DE LIBRE­ ÉCHANGE AVEC LE CANADA (CETA) SUR L’AGRICULTURE FRANÇAISE https://france.attac.org/IMG/pdf/note_ceta_agri.pdf?pk_campaign=Infolettre-711&pk_kwd=france-attac-org-img-pdf-note-ceta
[2] ETC Group (2016), Merge-Santo: New Threat to Food Sovereignty