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Journée des femmes de science

Le témoignage des femmes du balado

| Publié le
femmes en science

Rachel Carson était une femme en science renommée, notamment avec la parution de son livre Printemps silencieux en 1962, un livre qui dénonce les lourds impacts des pesticides sur la nature et la santé humaine. Elle a fortement contribué à la naissance du mouvement écologiste dans le monde occidental et laisse derrière elle certains des textes écologiques les plus influents jamais écrits.
Cependant, la biologiste a subi de nombreuses pressions à la sortie de son livre — malgré son travail des plus rigoureux : divers laboratoires chimiques ont menacé de lui intenter des procès, tandis que d’autres l’accusent de tomber dans la sensiblerie « féminine » et d’altérer les faits. 


À l’occasion de la Journée internationale des femmes de science, Vigilance OGM et le Réseau des femmes en environnement ont décidé de mettre en lumière des extraits du balado Des Rachel qui changent le monde autour de cette question cruciale : à l’heure d’aujourd’hui, c’est quoi être une femme en science ?

Écoutez le témoignage de ces 10 femmes de science talentueuses et engagées aux quatre coins du Québec et ne manquez pas notre entrevue avec le Réseau des femmes en environnement juste en dessous!

Vigilance OGM a voulu aller plus loin sur le sujet et s'est naturellement tournée vers le Réseau des femmes en environnement : voici notre entrevue avec elles.

Les réponses ci-dessous ont été concoctées par Karelle Trottier, chargée de projet en développement durable et France Levert, administratrice du conseil d’administration. Bonne lecture !
 

Au jour d’aujourd’hui, c’est quoi être une « femme en science »?
Qu’est-ce qui a changé depuis l’époque de Rachel Carson ? 

Être une femme en science, aujourd’hui, c’est probablement plus facile qu’être une femme dans ce milieu à l’époque de Rachel Carson. En effet, des évolutions notables de la place des femmes en science ont eu lieu depuis les années 1960. Au Québec, globalement, il y a une importante progression de la représentation des femmes sur le marché du travail et dans les études universitaires (1). Toutefois, il y a une nuance à faire : ce n’est pas le cas dans tous les domaines des sciences. Par exemple, la progression n’est pas aussi marquée dans des domaines comme les sciences technologiques ou les sciences pures et appliquées : ingénierie, physique, transport, bâtiment, construction, IA et autres. En effet, depuis 2005, l’écart entre les hommes et les femmes étudiants dans ces domaines universitaires s’est resserré que de quelques pour cent, étant maintenant de 25% de femmes contre 75% d’hommes présents comparativement à 20% et 80% en 2005 (2). 

Dans d’autres domaines d’études comme la biologie et la médecine, les femmes sont plus représentées. 
C’est aussi le cas en environnement. En effet, selon le témoignage de Kim Marineau, biologiste, consultante et professeur, lors de l’événement récent tenu par le Réseau des femmes en environnement sur la sous-représentation des femmes expertes dans les médias, ses étudiant.e.s universitaires en environnement sont majoritairement des filles/femmes. Toutefois, par la suite, elles sont beaucoup moins présentes dans les emplois décisionnels en environnement. Ce constat tend à changer, mais demeure vrai de façon générale. 
 
De plus, plusieurs mouvements féministes ont permis de mettre les femmes de l’avant, et des approches comme l’équité, la diversité et l’inclusion (EDI) dans les organisations permettent également de promouvoir la place des femmes en science, notamment. Des initiatives comme le balado «Des Rachel qui changent le monde» montrent aussi que les femmes sont de plus en plus mise de l’avant!

Ainsi, les femmes ont de plus en plus leur place dans le domaine des sciences, et nous croyons, en tant que Réseau de femmes, qu’il est primordial de les écouter.

Quels sont les facteurs qui expliquent la sous-représentation des femmes dans les sciences et la technologie ?

Tel que mentionné précédemment, il est judicieux de distinguer la représentation des femmes au moment de la formation vs dans le milieu du travail. En effet, plusieurs raisons peuvent faire en sorte qu’une femme ne travaille pas dans un emploi relié à son domaine d’étude, comme les grossesses et la charge supplémentaire de travail relié à la maison et la famille, les  enjeux de conciliation travail-famille, les conditions dans certains types d’emploi (ex. nombreux déplacements et présences à assurer sur des lieux de travail isolés et chantiers (secteurs minier, énergie et autres)).  D’autre part, qu’englobe-t-on dans le domaine des sciences et de la technologie?  Continuellement de nouvelles disciplines apparaissent et l’apport des sciences dites humaines et cognitives, où les femmes sont bien représentées, sont de plus en plus reconnues pour comprendre et permettre de trouver des solutions et innovations face aux enjeux actuels que ce soient par exemple pour favoriser des changements de comportements.  

Néanmoins, nous croyons que plusieurs facteurs peuvent être évoqués pour expliquer cette sous-représentation : la relation et la grande préoccupation des femmes quant au vivant en général, l’éducation des filles et la représentation qui est faite des métiers et occupations associés à la technologie et aux sciences ainsi que le manque de modèles inspirants. À cet effet, une vidéo de sensibilisation sur les métiers et le genre diffusée auprès de jeunes enfants par le réseau Business and Professional Women montre que lorsqu’on leur demande si c’est un homme ou une femme qui sera médecin, pilote d’hélicoptère, infirmier ou policier, fillettes ou garçons associent les métiers selon les modèles traditionnels ; ils sont surpris de constater qu’une femme peut être pilote ou policière, par exemple. Il faut donc débuter l’éducation en bas âges ! 

La sous-représentation des femmes dans les sciences et la technologie peut aussi s’expliquer du fait qu’elles sont sous-représentées dans les médias (4) ou à la télévision. Selon une étude réalisée par Selma Vorobief pour le Réseau des femmes en environnement concernant la représentation des femmes expertes en environnement dans les médias québécois, les femmes sont encore très sous-représentées dans ceux-ci. Sur 73 articles analysés, 154 expert.e.s étaient cité.e.s dont seulement 27% de femmes.  Donc, une démonstration d’un manque de modèles féminins en environnement à ce niveau !

Quels conseils donneriez-vous aux femmes qui désirent faire carrière dans le monde de la science ?

Il faut donc, en tant que femmes, prendre notre place et se faire confiance en tant qu’expert.e d’un domaine. C’est le principal conseil pour les femmes qui désirent faire carrière dans le monde de la science. Il faut également suivre ses rêves et ne pas se laisser arrêter par certains stéréotypes. Il faut être persévérante et savoir prendre sa place. 

Inspirez-vous de modèles et faites-vous accompagner par une mentor.e. Également, le fait de s’entourer de femmes en sciences peut vous motiver et vous permettre d’évacuer les frustrations. Plusieurs regroupements de femmes dans des métiers non traditionnels existent, comme Women in mining ou Femmes en finances. Sinon, il existe des sites comme Femmes expertes ou le Réseau des femmes en environnement pour vous aider à bien vous entourer ! 

Qu’est-ce que le Réseau des femmes en environnement et pourquoi a-t'il été créé ?

Fondé en 1999, le Réseau des femmes en environnement regroupe actuellement près de 800 membres individuelles, issues de secteurs d’activités diversifiés et de partout au Québec. Il compte également 34 groupes membres, ce qui porte à plus de 30 000 le nombre des femmes qu’il réunit dans leur pluralité et leurs diversités. 

Le Réseau a été créé à l’occasion d’une commission consultative sur la gestion des matières résiduelles où les analystes supportant et «en arrière» des commissaires étaient uniquement des femmes. Celles-ci ont voulu créer des lieux de rencontres et un réseau d’échanges et de support mutuel qui s’est avéré répondre à un besoin qui garde encore sa pertinence. Le Réseau et ses membres sont également à l’origine d’initiatives de femmes dans plusieurs domaines, comme en événementiel écoresponsable et en santé environnementale.. 

La mission du Réseau est de développer le pouvoir d’agir des membres, des personnes et des organisations afin d’améliorer la qualité de l’environnement, la santé et le bien-être : des initiatives de femmes pour le bien collectif. Ses objectifs sont les suivants :
Favoriser la mise en lien des femmes intéressées par le développement durable et l’environnement
Renforcer les capacités d’intervention des femmes dans les domaines du développement durable et de l’environnement
Informer et sensibiliser la population sur l’environnement, les femmes et la santé
S’impliquer dans le développement et la diffusion de nouvelles connaissances dans les domaines visés par la mission, entre autres en contribuant à des activités de recherche
Travailler à la protection de l’environnement et au développement durable par des actions concrètes

Plusieurs domaines sont touchés par les activités du Réseau : événements, arts vivants et plateaux de tournage, genre, changements climatiques et environnement, santé environnementale, consommation et communication responsables.

Pour devenir membre du réseau et profiter de ce réseau de femmes extraordinaires, suivez ce lien.

(1) -  https://www.erudit.org/fr/revues/rs/2006-v47-n1-rs1386/013641ar/
(2) -  https://statistique.quebec.ca/vitrine/egalite/dimensions-egalite/education/domaines-etudes-niveau-universitaire
(3) -  https://frq.gouv.qc.ca/equite-diversite-et-inclusion-edi/
(4) -  https://boutique.rqfe.org/wp-content/uploads/2023/01/Repre%CC%81sentation-des-femmes-expertes-dans-les-me%CC%81dias-e%CC%81crits-que%CC%81be%CC%81cois-Rapport-de%CC%81taille%CC%81-VF-14-11-22.pdf
 

Ça vous inspire ?

Les 8 premiers épisodes du balado Des Rachel qui changent le monde sont disponibles sur vos plateformes d'écoute préférées !

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