ENQUÊTE
Du glyphosate dans les eaux potables testées

TIOHTIÁ:KE / MONTRÉAL, lundi 6 octobre 2025 – Aujourd’hui, Vigilance OGM dévoile des analyses sur la présence de glyphosate réalisées dans les eaux potables de dix villes du Québec – principalement en Montérégie, dans les territoires agricoles le long des rivières Richelieu et de la Yamaska.
Les résultats des dix échantillons d’eau potable démontrent une contamination située entre 2,0 et 2,5 μg/L de glyphosate – soit plus de 20 fois la norme européenne de qualité de l’eau potable (qui est de 0,1 μg/L).
Le glyphosate est l’agent dit « actif » des pesticides à base de glyphosate comme le Roundup. Ces derniers représentent 44 % des pesticides vendus au Québec en milieu agricole. Leur utilisation est intimement liée aux cultures de maïs et de soya, génétiquement modifié pour leur résister (1).
« Malheureusement, il n’est pas surprenant de trouver du glyphosate dans toutes les eaux potables testées, car ce dernier est massivement utilisé », explique Thibault Rehn, coordonnateur de Vigilance OGM. « En Europe, ces taux de concentration auraient déjà fait se lever des drapeaux rouges, alors qu’ici rien ».
La solution : réduction à la source
Plus tôt cette année, on apprenait que les ventes totales de pesticides au Québec ont dépassé les 5 millions de kilogrammes, faisant des trois dernières années, celles où on a vendu le plus de pesticides (depuis 1992). Malgré les scandales et les annonces des dernières années, le Québec s’éloigne de plus en plus de son objectif (3). Sachant que les capacités des usines de traitement sont très variables et les traitements de l’eau extrêmement dispendieux, il est important de réduire à la source l’usage des pesticides. En effet, on apprenait dans une récente étude l’incapacité de nos usines de traitement à éliminer certains de ces pesticides.
« La solution n’est pas d’investir des milliards dans nos usines de traitement ou de se jeter à corps perdu sur les eaux embouteillées — elles peuvent elles-aussi présenter des traces de pesticides ainsi que de grandes quantités de microplastiques », affirme M.Rehn. « La solution est la réduction de notre utilisation des pesticides à la source ».
Il est important que les citoyen.ne.s aient confiance dans la qualité de notre eau potable au Québec : pour cela, il faut revoir le Règlement sur la qualité de l’eau potable, ainsi que le processus d’évaluation des pesticides par l’Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire (ARLA) pour des normes plus sévères et plus de transparence.
Des pesticides invisibilisés
Les analyses ont été réalisées à l’Université de Montréal, en collaboration avec le laboratoire de Sébastien Sauvé, professeur titulaire en chimie environnementale, et proposant des limites de détections plus précises que celles exigées par le gouvernement. En effet, dans le cas du glyphosate, le gouvernement provincial exige une limite de détection de 2,0 μg/L : or, nombre des résultats oscille autour de cette limite et concluent (faussement donc) en l’absence de glyphosate.
« C’est un peu comme regarder avec des lunettes quand on devrait prendre un microscope. Les procédures actuelles invisibilisent la présence des pesticides », déclare M. Sauvé. « Les bons outils analytiques sont disponibles, utilisons-les ».

(1) Bilan des ventes de pesticides au Québec 2025 (année 2023), Ministère de l'Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs (MELCCFP)
(2) Plan d’agriculture durable - AGIR, POUR UNE AGRICULTURE DURABLE PLAN 2020-2030, Ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation (MAPAQ) 2020